Des pensées aux mots
Aujourd’hui on a peur de demain, demain on a peur de l’après demain…peur de tomber malade, peur d’être trop fatigué, peur de ne pas dormir la nuit, peur de ne pas se réveiller le matin, peur de ne pas être à l’heure, de ne pas être là, peur de râter le train, le bus, le rendez-vous... mais après ? le rêve continue, la porte se referme, le train avance, quitte la gare…place aux pensées, aux mots, aux lettres qui se bousculent, se mettent en file, et se distinguent l’une de l’autre… l’une après l’autre… le train s’arrête puis repart. La première, la deuxième, la troisième, puis la quatrième gare. Le rêve continue, il s’éloigne, pas moyen de l’arrêter, la montre tictaque, puis sonne, je me réveille… où suis-je ? mais où suis-je vraiment ? suis-je là où je dois être, là où j’aurais dû être, là où je veux être, là où je peux être ? « devoir » ? c’est quoi ça ?: « Moi, il n’y a jamais rien que je DOIS faire » j’entends dire un jour. Je reste perplexe…notion abolie du langage ? « je fais les choses parce que j’ai envie de les faire ». Tiens ! ça c’est nouveau pour moi. Le sacrifice…en voilà une autre notion en cours d’être abolie : « Je n’aime pas ce mot » j’entendis dire un autre jour. Perplexe à nouveau, je me demande : pourquoi ces mots sont-ils encore dans le dictionnaire ? Plongée dans mes pensées, on me dit:
« Mais, pourquoi ne dites-vous jamais rien ? », « ah, euhhh… bon… je ne savais pas que je devais parler, dois-je parler ?... » « non, vous pouvez parler ». Ah, super ! finalement ce n’est pas aussi dur que ça de parler ! on nous y invite même et on n’a pas peur, on n’a pas peur de dire, pas peur de penser, pas peur de réussir, pas peur d’échouer, pas peur de partir, pas peur de rester…Pourtant, on ne parle que des fuites de cerveaux…des cerveaux qui pensent sans doute…mais pourquoi ne parle-t-on pas des plumes qui écrivent, ni des bouches qui parlent. Ce serait quand même drôle de dire que des bouches bavardes quittent le pays pour aller parler ailleurs!!!