Quitter le paradis
La beauté des paysages que je vois défiler de la fenêtre de mon train, sous le soleil qui brille, même si la fumée de certaines cheminées et les arbres dépourvus de leur feuillage me rappellent le froid qui règne dehors en ces derniers jours d’hiver... Suis-je vraiment en train de quitter ce beau petit paradis où tout semble tracé à la règle et au centimètre près ? tout y est bien pensé et on y a pensé à tout. Si bien organisé et si propre qu’on n’ose même pas se demander comment ? Comment ? lavage au savon et à l'eau... Si abondante qu’on ne pense même pas (pas encore) la fermer à clé dans des banques privées. Le drapeau à la croix blanché se dresse sur les terrasses, dans les cours, les petits et les grands jardins... Suis-je en train du partir ou d’arrivée ? Je n’en sais plus rien du moment que je n’ai pas raté mon train et que je puisse redevenir translucide et traverser ce mur qui se dresse devant moi...Derrière ce mur, la liberté...la voie tracée et retracée, la vie!
Depuis quand devoir quitter un paradis n'est-il pas vécu comme une pénitence? Etre enfermé dans un paradis et vivre dans un paradis, ce n'est pas pareil. Pour une simple bouffée d'air, l'être humain est prêt à s'envoler et à descendre sur terre. Et c'est pour ça que bien avant, bien d'autres sont descendus d'un autre paradis, aussi beau mais grand, aussi vert, aussi bleu et aussi rouge!